Kinématoscope

Après le générique, qui montre l'exécution de Jean Calas, le 10 mars 1762, le film va et vient dans le temps et dans l'espace entre Toulouse (où le capitoul Beaudrigues mène son enquête), Ferney (où Voltaire conduit sa contre-enquête) et Versailles (où Saint-Florentin et Choiseul débattent de la façon dont il convient de gérer la crise en échangeant des bons mots prophétiques : "C'est la fin du monde! - Espérons que ce ne soit pas la fin d'un monde...").
Malgré quelques anachronismes et incongruités (Le Traité sur la tolérance est donné comme déjà publié en 1762; aucun des personnages toulousains ne parle avec l'accent local), le film retrace fidèlement l'action, selon le point imposé par Voltaire à la postérité.
Le Voltaire de Pierre Asso est une sorte Donald Duck bougon, hypocondriaque et sensible ("extrêmement sympathique" selon A. Decaux), dans la lignée de la composition d'Arliss (la scène où le patriarche moribond est ressuscité par la perspective de la campagne à mener semble directement inspirée du film d'Adolfi), avec un soupçon de lubricité en plus.
La vie privée à Ferney n'est pas oubliée (impressionnante collection de bonnets et de robes de chambre, remontrances de Tronchin, scène nocturne où V. surprend Mme Denis dans les bras de Wagnière).
Asso reprendra le rôle de Voltaire en 1972 dans un Frédéric II pour la télévision. Denis Manuel, ici dans un petit rôle, sera lui aussi un Voltaire pour la télévision.
[DR]