Kinématoscope

Cette troisième version cinématographique connue du roman en suit assez étroitement les divers épisodes, traités en une soixantaine de plans. Si l'on compare à certaines productions antérieures de Capellani, les plans, toujours moyens et frontaux, restent d'une longueur plutôt uniforme, mais on est frappé par l'utilisation systématique de la profondeur de champ (action à l'arrière-plan, fenêtres qui ouvrent le fond de l'écran sur un autre espace). Quelques scènes (comme la première, dans la cour de l'hôtellerie d'Amiens) sont composées de plusieurs plans; d'autres (comme celle à l'hôtel de Transylvanie, au début de la seconde bobine) comportent de nombreux personnages avec des actions simultanées. On note quelques panoramiques de faible amplitude qui permettent de recadrer l'action, voire de passer d'une pièce à l'autre; et un remarquable exemple de flash-back en incrustation (à la fin de la première bobine) quand Des Grieux, assis à sa table de travail, en bas à gauche de l'écran, se remémore sa première rencontre avec Manon représentée en haut à gauche.
La scène finale de la mort de Manon est tournée dans un décor extérieur qui évoque plus une pinède de la côte d'Azur que les déserts de la Louisiane.
Il est difficile de dire si le relatif dynamisme de la mise en scène tient à une évolution de l'art de Capellani ou si le fait qu'il s'agit ici de transposer un roman, et non un drame comme dans le cas des Deux orphelines trois ans plus tôt, l'a invité à une plus grande liberté et à abandonner une esthétique strictement théâtrale.
[DR]