Kinématoscope

Sur le port de l'Estaque, Michel, délégué syndical, vient d'être licencié avec d'autres salariés de l'entreprise. Il fête néanmoins son anniversaire de mariage avec Marie-Claire, en compagnie de ses anciens collègues et amis. Ceux-ci se cotisent pour offrir au couple un voyage en Tanzanie. Quelques temps plus tard, alors que Michel et Marie-Claire passent une soirée agréable avec un couple d'amis, Raoul et Denise, deux hommes masqués font irruption dans la maison et sous la menace de leurs armes, demandent le montant du cadeau de mariage. Après cet événement traumatisant, plus rien n'est vraiment comme avant, jusqu'à la découverte par Michel de l'identité de l'un des braqueurs: Christophe, un jeune collègue, victime comme lui du plan social de l'entreprise...
Le film de Guédiguian est une réflexion sur la perte des idéaux révolutionnaires. Le vieux syndicaliste se retrouve confronté à un cas de conscience: réclamer justice et faire condamner son agresseur, ou lui trouver des circonstances atténuantes, le jeune homme ayant commis ce délit pour nourrir ses deux jeunes frères dont il a la charge, depuis que leur mère les a abandonnés. Il finira par recueillir les deux jeunes enfants, en attendant que leur grand frère sorte de prison.
Guédiguian filme un monde où ce qu'il reste de confiance dans les valeurs humaines se trouve confronté à la réalité d'une société libérale atomisée. En intégrant au générique la référence au poème de Victor Hugo "Les Pauvres Gens" (La Légende des siècles), Guédiguian ne se contente pas de reprendre l'argument du poème (une famille de pauvres pêcheurs recueillant deux orphelins): il retrouve la veine hugolienne, cette volonté d'affirmer une confiance dans l'âme humaine que ne peuvent combattre les vicissitudes de la misère.