Kinématoscope

Vingt ans de la vie de Jeanne Poisson, de sa rencontre avec le roi, en 1744, à sa mort en 1764.
La première partie du film (jusqu'à la mort d'Henriette, et la disgrâce provisoire de Jeanne, en 1752) montre les humiliations diverses subies par la maîtresse du roi après son arrivée à Versailles. Dans la seconde, l'amante devenue amie joue un rôle plus politique et s'oppose à la digne reine et au pénible dauphin, dans un conflit arbitré par un Louis XV faible mais lucide.
Les motivations de la Pompadour sont l'amour du roi et "la défense du style Louis XV" contre l'empire des dévots. Mais les principes et les effets de l'action culturelle et politique à laquelle la marquise sacrifie sa santé restent flous. Son éducation n'est pas évoquée; ses alliés intellectuels supposés (Diderot, Voltaire, Quesnay) sont des figures très fugitives. La seule oeuvre littéraire dont est donné un aperçu est L'Enfant prodigue ou l'école de la jeunesse, une comédie de Voltaire datant de 1736.
La chronologie et la vraisemblance sont parfois bousculées. Notons la naissance de Louis XVI (1754) et celle très rare (unique?) de l'attentat de Damiens au cinéma.
Echantillon du dialogue : "J'ai besoin de toi pour gouverner. Tu es ma confidente, ma lumière. Si je devais écouter mes conseillers, il me faudrait revenir à l'absolutisme d'antan. C'est toi ce que j'ai besoin d'entendre. Tes idées parfois me heurtent mais je sens bien qu'elles vont dans le sens de l'avenir".
Tourné à Chantilly, dont la location, à 40 000 euros la semaine, est paraît-il trois fois moins chère que celle de Versailles (dont on ne voit donc que des plans fixes sans acteurs).
Hélène de Fougerolles, sans doute un peu maigre pour les canons de l'époque, avait déjà interprété la Pompadour au côté de Vincent Perez dans Fanfan la Tulipe. Elle est ici "une Pompadour inattendue, loin de l'image empesée des manuels, juvénile et pétillante d'intelligence" (A. Cressard).