Kinématoscope

« Oublié au bout d’une dynastie morte et dans un château à moitié en ruines, le dernier des Sigognac s’effarouche d’abord à la vue des visiteurs que l’orage d’un soir lui amène comme des magiciens. Surprise par le mauvais temps, une troupe de comédiens itinérante frappe à la porte du château. Un vieux majordome ouvre et leur offre le gîte à défaut du couvert. Il ne reste plus dans la vieille demeure qu’une épée précieuse remise par le roi à l’ancêtre du nobliau sans fortune et sans famille. C’est pourquoi, le matin venu, lorsque les saltimbanques reprennent la route, le serviteur supplie le chef de la troupe d’emmener avec lui son jeune maître, afin que celui-ci ait une chance de se rendre à Paris et, qui sait, de retrouver par l’épée la protection du roi. Mais en chemin, le destin du jeune homme va, cahotant, suivre la lente progression de la roulotte à travers plaines et forêts jusqu’à Paris, la ville de tous les triomphes. Car le chariot est plus précieux encore que son épée. Eclairé d’une simple lanterne, tiré par de grands bœufs blancs, il contient tous les trésors d’un art que le jeune Sigognac découvre entre la pulpeuse Séraphine (Ornella Muti) et la tendre Isabelle (Emmanuelle Béart). Mais à l’amour des belles, aux honneurs de son rang, feu le seigneur de Sigognac, transformé en capitaine Fracasse, préfère "l'illusion comique". »
(Le Quotidien de Paris, 8 mai 1991, Anne de Gasperi)

Autres titres: Le Voyage du Capitaine Fracasse (France)
Die Reise des Capitan Fracassa (Allemagne)
Fracassa Kapitani (Hongrie)
Récompenses: deux Nastri d’argent 1991 (Luciano Ricceri et Paolo Biagetti : meilleure mise en scène, et Odette Nicoletti : meilleurs costumes) ; deux David di Donatello 1990-1991 (Luciano Tovoli : meilleure photographie, et Luciano Ricceri et Paolo Biagetti : meilleur mise en scène) ; un Ciak d’or 1991 (Odette Nicoletti : meilleurs costumes)

Dans La terrazza (1979-1980), Ettore Scola avait déjà "cité" le roman de Gautier, dans la séquence où Sergio (Serge Reggiani), directeur de programmation à la TV et ex-écrivain anorexique, meurt sur un plateau de tournage (il a accepté le tournage d'une adaptation du Capitaine Fracasse: film dans le film), dans la tempête de neige artificielle déclenchée à l'occasion de la répétition de la séquence de la mort du Matamore (chapitre VI: "Effet de neige"), au pied d'un arbre (comme le personnage de Gautier).
Lors de la sortie de sa propre adaptation, Scola a déclaré avoir déjà, dans ses films précédents, inséré, selon diverses modalités, des "citations" du Capitaine Fracasse, roman qui l'a fortement marqué dans son enfance.