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Film
Identification
TitreL'Affaire Voltaire
Réalisateur(s)
Date1994
Représentation
CatégorieXVIIIe
EpoqueXVIIIe
Générique technique
Longueur / Durée du film3h04' (57'+1h00+1h07')
Pays de productionFrance
Générique artistique
Acteur(s)
Réception et documentation
Disponibilité dans le commerceSoirée thématique d'Arte, 15 novembre 1994. Commercialisé en cassette vidéo aux fins de consultation et de prêt privé par les réseaux culturels, éducatifs et associatifs.
Articles de presseArnaud Spire, "Inclassable Voltaire?", L'Humanité, 15 novembre 1994
Résumé et commentaire critique
Résumé et commentaire critique
Ce documentaire en trois parties
(1. D'Arouet à Voltaire;
2. Entre Emilie et Frédéric;
3. De la marge au centre)
ordonnées de façon globalement chronologique, est construit en outre sur la « règle des trois tiers » désormais habituelle aux documentaires historiques : 1/3 de documents d’archives (ici bustes, gravures, pages de livres qui se consument) ; un tiers d’entretiens avec des «sachants» (spécialistes reconnus ou penseurs patentés, filmés assis en plan fixe) ; un tiers de reconstitution en costumes. Le nombre des personnages est aussi limité (Voltaire, joué à tous les âges de sa vie par un seul acteur muni de cinq costumes et de deux perruques; Condorcet; Graffigny, ainsi qu'une Mme du Châtelet muette incarnée par une assistante de production) que celui des experts est grand (René Pomeau, Christiane Mervaud, André Magnan, Roland Mortier, Robert Darnton, Ulla Kölving, Charles Porset, Charles Wirz, Jean Starobinski, J.-M. Goulemot, Sylvain Menant, Philippe Sollers, André Glücksmann, Jean Delumeau et j’en passe). Voltaire se promène, discourt et écrit (d’une plume littéralement grinçante) dans les mêmes décors (parcs et châteaux, hôtel de Sully, Versailles, Londres, Oxford, Cirey, Potsdam, Genève, Ferney) que ceux où s’expriment ses modernes admirateurs, ce qui assure au documentaire une certaine continuité.
Mais où qu’il soit, Voltaire ne rencontre personne, ne parle à personne : il récite des textes qu’il feint d’improviser devant nous ; de temps à autres un narrateur invisible s’adresse à lui à la deuxième personne du pluriel du présent de l'indicatif ("vous passez trois années à Berlin"; "il vous reste encore vingt ans à vivre"). Condorcet et Mme de Graffigny lisent du Condorcet et du Mme de Graffigny, respectivement. De même, les experts de 1994 parlent à la caméra, sans jamais dialoguer ni débattre, donnant l’impression qu’il n’existe, sur Voltaire, qu’une seule vérité scientifiquement autorisée.
Une seule fois le film brise ce moule en organisant la rencontre, furtive et silencieuse, inspirée à Mény par un souvenir du Testament d’Orphée, de Voltaire et Pomeau devant le perron de Ferney.
Ces partis pris de mise en scène sont bien sûr dus à des contraintes de budget et de temps (voir ci-dessous) , mais ils correspondent en même temps à une certaine idéologie de la biographie filmée qui repose sur deux idées :
1. en éliminant l’anecdote et toutes les formes d’interactions, on fait de la carrière de l’écrivain une trajectoire où choix, hésitations et (quoi qu’en dise Pomeau à un moment) hasard n’ont pas de place. A cet égard il est significatif que la première partie, très classiquement intitulée « D’Arouet à Voltaire », suit en fait pendant une demi-heure le chemin inverse : de Voltaire à Arouet, comme si la jeunesse de l’écrivain ne pouvait s’expliquer qu’en fonction de l’apothéose publique finale. C’est un problème de motivation rétrograde : Voltaire n’agit pas à cause de telle ou telle influence ou détermination, mais afin de devenir ce qu’on sait qu’il ne peut que devenir.
2. l’œuvre de Voltaire est réduite, avec la pleine caution des universitaires convoqués, à sa partie politique ; comme si la littérature ne saurait trouver sa justification aux yeux des téléspectateurs, qu’en dehors d’elle-même, dans son efficacité militante.
[DR]

Lors du débat qui suivit une projection de son film à Censier-Paris III (le 28 février 2008), Jacques Mény insista sur quelques points qui permettent de nuancer les lignes précédentes.
Le film est née d’une commande ; il s’agissait d’abord de fournir une illustration audiovisuelle à l’exposition Voltaire et l’Europe organisée à l’Hôtel des Monnaies de Paris pour le tricentenaire de la naissance, sur le principe du « comédien-lisant-des-textes-dans-les lieux-où-ils–ont-été-écrits ». Le film a progressivement échappé à ce cahier des charges pour devenir, sur le mode de l’improvisation et de l’urgence, un objet hybride, qui veut cependant répondre à des convictions fortes : celle de la possibilité d’un cinéma pédagogique à la Rossellini ou d’une « télévision des professeurs » à la Claude Santelli. Tournant le dos à la solution du feuilleton historique, choisie par Claude Brûlé pour le bicentenaire 1978, Mény pense avoir évité les risques jumeaux de l’esthétique Grévin (présentation d’un personnage connu en costume) et de la perspective Lagarde et Michard (déclamation de morceaux choisis), notamment grâce au recours aux anachronismes soulignant la modernité du sujet; à une certaine liberté dans la sélection des épisodes significatifs (remarquable absence de l’inévitable querelle avec Rousseau); à un sens de l’esprit des lieux; au risque assumé de la redondance (texte écrit/voix/référent) dont il trouve l'exemple efficace chez Bresson, Guitry, Resnais ou Truffaut.
Ces principes furent à nouveau éprouvés six ans plus tard, de façon plus préméditée, dans le Citoyen Rousseau.
[DR]
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L'Affaire Voltaire
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Éditeurs : Delphine Gleizes et Denis Reynaud [UMR IHRIM]

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